jeudi 23 octobre 2014

Au pays d'AtatÜrK

samedi 14 juin

Nous inaugurons presque la ligne directe Bordeaux-Istanbul de la Turkish airlines depuis l'aéroport de Bx/Mérignac. Le premier vol a eu lieu deux jours avant.
A l'aéroport, beaucoup de familles turques au grand complet, 2 voire 3 générations embarquent avec force bagages, poussettes et même oxygène pour le plus âgé. J'imagine la joie de ces gens là qui ne sont plus obligés de descendre à Toulouse pour rejoindre la Turquie. Les prix de lancement étaient, en plus, super attractifs.
L'avion accuse un léger retard mais le vol se passe sans accroc.
Pendant le repas qui nous est servi, K. entame la conversation avec son voisin, un stambouliote d'une cinquantaine d'années venu prospecter pour ses boutiques de vêtements. Il a, lui, inauguré le premier vol Istanbul/Bordeaux. Il donne à K. quelques bonnes adresses de restos et nous confirme que nous pouvons rapidement et facilement rejoindre notre appartement à pieds depuis Taksim.


A l'aéroport, nous retirons du cash et attendons le bus. La nuit tombe d'un coup alors que nous prenons place. Une demi-heure plus tard, sans avoir vu grand-chose de la banlieue noyée par la nuit, nous sommes sur la place Taksim et demandons régulièrement notre chemin à des turcs très serviables et parfaitement bilingues. Leur anglais est comme tout anglais parlé par des étrangers, bien plus facile à comprendre qu'à Londres ou à New York...
Après plusieurs détours, accompagnées pour une partie du trajet par un monsieur âgé qui se décarcasse pour trouver l'adresse, nous arrivons à l'appartement. Il est situé dans Beyoglu. En face et au rez-de-chaussée de l'immeuble, deux boutiques de brocante parent les trottoirs.
Nous logeons au premier étage d'un immeuble ancien typique avec bow-window en façade. Boiseries, carreaux de ciment, tout est d'époque. Le tout meublé et agencé avec goût. Beaucoup de livres d'art. de vieilles éditions de poche des journaux d'Anaïs Nin servent à bloquer en position ouverte la fenêtre à guillotine de la chambre. L'appart est composé également d'un séjour sur rue avec cuisine, d'une salle de bains. La chambre donne sur un puits de jour paisible. Des kilims sont jetés au sol, des vieilles photos polaroïd décolorées, des meubles chinés et sur la table du salon, un numéro de milk déco avec un article sur Istanbul. Le ton est donné, nous sommes comme 2 poissons dans l'eau.
Notre hôte s'éclipse après une visite des lieux et nous investissons l'espace. Nous sommes crevées et décidons de piller les restes du frigo plutôt que de ressortir. Vin, fromage, crakers et fruit, nickel.
Nous repérons le restaurant où nous voulons prendre notre premier petit déjeuner turc puis sombrons dans les bras de morphée.

Dimanche 15 juin









Aucun bruit dans la chambre, nous avons dormi comme des loirs.
Quand j'ouvre la fenêtre sur la rue, j'entends les mouettes. La pièce principale est plus claire que nous ne nous l'imaginions. C'est décidément un endroit très agréable.
Nous avons peu diné hier soir, ce matin nous avons l'estomac dans les talons.
l'immeuble d'en face

et celui à côté avec une immense terrasse couverte



1ere photo de la série "du matin" dans l'entrée de l'immeuble.




Nous petit déjeunerons chez Vankahvalti Evi Deftedar. Il y a la queue devant, c'est sans doute bon signe. Une clientèle hétéroclite composée de locaux, d'expats et de touristes s'y presse.

Nous n'attendons pas longtemps. A côté de nous s'isnstallent 2 jeunes hommes français. La conversation s'engage. L'un a un contrat de deux ans pour une grosse boîte internationale, il est à Istanbul depuis 4 mois. L'autre est un ami venu passer quelques jours pour découvrir la ville. Le jeune en CDD nous confirme que nous sommes dans le quartier bobo (il y vit d'ailleurs), un peu plus cher que dans les autres quartiers mais indubitablement vivant et animé.
Après un petit déjeuner typique et copieux composé d'une majorité de mets salés (un peu de miel et de confiture quand même), nous flânons dans les rues pour rejoindre Istikal cad, grand axe commerçant aux enseignes internationationales ou purement stambouliotes. La rue remonte d'un côté jusqu'à Taksim et redescend de l'autre jusqu'à Galata. Nous la remontons, cherchant les échoppes cachées dans les petites rues perpendiculaires.

J'achète quelques savonnettes parfumées dans une boutique de souvenirs.


 Nous sommes passées devant différents lieux de culte (communauté hollandaise et église dédiée à Saint Antoine de Padoue) très fréquentés ce dimanche. Ici c'est le muezzin qui inonde les rues commerçantes de sa mélopée.







 
A Taksim, l'Institut de France est fermée mais le gardien nous informe en français qu'il sera ouvert ce soir dès 18h30 pour  la retransmission d'un match de la coupe du monde de foot puisque la France joue. Soupir....
Sur la place, nous achetons à un vendeur ambulant des tickets et montons dans le vieux tram.



Deux petites filles peu farouches, certainement issues d'une minorité rom ou kurde, s'accrochent au tram et profitent de la descente. Elles en sautent et y remontent au gré des ralentissements de la machine, stoppée par les piétons qui déambulent sur Istikal ainsi que par des manifestants.


le thème de la manifestation reste obscur...

Il y a la queue pour monter dans la tour de Galata. Nous préférons descendre vers le Bosphore, Karakoy et ses quais assez animés à cette heure de l'après-midi.
Pêcheurs, vendeurs de fish kebab à l'odeur alléchante, touristes et locaux se mélangent.


Nous nous dirigeons vers la patisserie Güllüoglu, j'ai l'estomac dans les talons, le petit déjeuner turc n'est qu'un lointain souvenir !
Il y a foule. C'est un self service qui propose de déguster sur place où à emporter. Nous trouvons une table libre et dégustons nos baklavas et autres douceurs arrosés d'une tasse de thé noir.


Les produits sont à la hauteur de la réputation du lieu mais je suis vite écoeurée par tout ce miel. Dehors, un magasin koska propose des loukoums pour tous les goûts. Je vais en acheter un échantillon pour comparer avec les baklavas. Verdict personnel, je préfère les loukoums, c'est finalement moins sucré et si doux en bouche !!!
Nous retournons vers le Bosphore et montons sur le pont de Galata. Nous sommes alpaguées par les rabatteurs de chaque restaurant qui donne sur le fleuve.


Il est temps de faire demi-tour. Le métro ne desservant pas directement notre quartier, nous rentrons à pieds. A nouveau la rue qui cette fois remonte sec sur Galata et Istikal.
Halte chez Mango ou K. s'achète un pantalon en soldes.
Au fond d'une impasse perpendiculaire à l'avenue, j'aperçois une grosse quinzaine de chats alanguis. Un vieil homme se repose aussi dans un fauteuil. Il s'agit d'un refuge. Les chats sont très protégés dans la ville.













Beyoglu s'anime, les brocanteurs sont ouverts, celui qui a sa boutique sous l'appartement aussi. Nous faisons encore quelques emplettes pour compléter notre mezze du soir et rentrons.
Alors que K. s'échine sur la serrure de la porte d'entrée, le brocanteur s'approche pour nous indiquer la manoeuvre. La gentillesse des stambouliotes se confirme.




Lundi 16 juin



La nuit fut moins reposante que la veille. En cause le voisin du dessus dont j'ai entendu les pas et la cataracte de la douche juste au dessus de ma tête ainsi qu'un concert incongru de mouettes.
Aujourd'hui nous avons prévu de visiter Sultanahmet. Nous rallions la station de métro Findikhi près du Bosphore à Cihangir.
Tout près de chez nous, nous croisons les 2 garçons qui étaient dans le même avion que nous samedi et que K. connaît de vue pour avoir déjeuné dans la même cantine à Talence. L'un des 2 la reconnait et nous salue. Nous échangeons quelques mots devant un hotel dans lequel ils s'engouffrent, armés de sacs à dos volumineux. Nous les croyions partis en randonnée à travers la Turquie, ils restent à Istanbul et reprendront le même avion que nous samedi prochain.
Halte dans un café branchouille et confortable ouvert sur la rue Havyar, le Kahve, où l'espresso est au prix pratiqué à Paris ou Bordeaux.



Nous descendons vers le Bosphore par des rues ombragées et une interminable volée de marches. Le montmartre stambouliote !


la misère existe à Istanbul, elle touche les personnes âgées notamment qui pratiquent des petits boulots comme la collecte des matériaux recyclés...

... ou la vente de fleurs et d'objets en tout genre.

elle dévalera devant nous les escaliers à une vitesse prodigieuse pour son âge
En bas, nous déboulons sur une artère bruyante où se croisent taxis, bus et métro. Nous achetons nos jetons et prenons une rame aérienne jusqu'à Sultanahmet.

Nous décidons de commencer par la visite de la Citerne. La queue avance relativement vite. La tarif annoncé à la caisse est le double de celui indiqué dans le routard soit 20TL... Ce genre de surprise est assez fréquent quand on voyage avec ce guide...

pendant que nous faisons la queue, je shoote cette vieille bâtisse jaune moutarde juste en face de l'entrée de la citerne-musée
 
Mais le lieu est surprenant et vaut le détour. Nous voilà plongées plusieurs pieds sous terre, et j'ai l'impression d'entrer dans un volume de Black et Mortimer ou de suivre James Bond dans ses aventures. Dommage que les cris des touristes résonnent et emplissent les voûtes et nous rappellent à la dure réalité du flux constant dont je fais partie... Le lieu est très rafraichissant, les têtes de méduse spectaculaires et l'obscurité envoûtante. Mais le café de la citerne n'est pas franchement accueillant et nous ressortons à la chaleur de midi où nous tombons à nouveau sur nos 2 touristes bordelais. Ils sont découragés par la file d'attente, nous les invitons à patienter et leur souhaitons une agréable journée.
Direction le Dubb, un resto indien, nous sommes, après tout, dans une ville cosmopolite qui a un pied en Asie !


 Après cette parenthèse orientale fort agréable, nous comprenons bien vite que Aya Sofia est fermée le lundi !!! Misère, nous nous rabattons sur la Mosquée bleue juste après l'heure de la prière... Encore la queue et nous devons couvrir nos épaules, nos jambes et notre tête. De l'avantage d'avoir toujours un cheich autour du cou et des vêtements décents pour respecter les lieux de culte...
A l'intérieur, le bleu des tissus qui sont distribués à l'entrée pour les touristes trop peu vêtus dessine une marée humaine. Même si le silence doit être respecté, les voix se perdent vers les plafonds. Quelle étrangeté que de se retrouver ici par wagons entiers.. La magie du lieu en souffre forcément. Reste à garder les yeux en l'air pour échapper à la foule...




 En sortant, nous nous dirigeons vers le bazar qui jouxte les jardins de la Mosquée. Nous avons l'intention d'y acheter un kilim. Ce sera chose faite chez un marchand recommandé par le routard. Le propriétaire de la boutique nous indique la signification des motifs sur celui que nous avons choisi après avoir examiné un grand nombre de modèles tous plus jolis les uns que les autres. Nous avons eu le coup de coeur. Je me revois dans la boutique du marchand de tapis à Marrakech le mois dernier et j'entends le même bruit des tapis qui tombent des piles, la même odeur de poil de bête, la même ambiance feutrée. Nous payons en monnaie plastique en échange d'un certificat d'authenticité.



Dehors le ciel est couleur de plomb, le vent souffle et quelques gouttes commencent à tomber. Nous déambulons derrière le bazar au milieu des collines hérissées de bâtisses en bois qui petit à petit deviennent toutes pimpantes comme un village d'apparat. Nous avons dépassé les maisons des stambouliotes pour aborder le quartier des hotels et des restaurants avec terrasses dominant le Bosphore, les mosquées et les palais.







Sur les pavés disjoints, nous cheminons vers Topkapi. Le ciel se dégage alors que K. fait la queue pour acheter des tickets. Je suis assise sur un banc à l'écart, ma jambe gauche ayant besoin de pauses régulières.
Le palais est superbe, les mosaïques iznik sont de toute beauté. Les kaftans anciens exposés aux couleurs fânées nous retiennent un long moment dans une des salles,  un muezzin installé devant un micro chante sa mélopée. Sur deux écrans côte à côte, le texte des sourates du Coran défile en turc et en anglais.





les pavillons d'été en bois sont une invitation à la sieste et à la méditation










Ivres de toute cette beauté qui a traversé les siècles et d'autant plus reconnaissantes que le site, très grand, dilue les touristes et rend la visite agréable, nous reprenons le métro jusqu'à Tophan et grimpons dans le Cihangir prendre un verre au Kat, un bar resto au 5e étage d'un immeuble où la terrasse offre une vue imprenable et quasi panoramique sur le Bosphore et la mer de Marmara.







 Au retour, nous faisons quelques emplettes au carrefour city proche de chez nous. Vin, olives, fromage de chèvre et quelques bricoles à ramener en France (boulgour, maïs à pop-corn et verres à thé). Nous retrouvons notre appart avec plaisir pour une dinette arrosé de vin rouge.

Mardi 17 juin

Nous commençons par boire un café au Holy Coffee, juste à côté de l'appart dans une rue en pente. Le trottoir est recouvert de carrelage bordé d'une frise à petits carreaux, l'intérieur est décoré avec soin style bonbonnière avec meubles de récup.





Nous prenons ensuite le métro jusqu'à Eminönü, d'où les bateaux partent pour la corne d'or, l'autre rive, les îles, etc... Nous allons jusqu'à Eyup. Nous remontons donc la corne d'or pour découvrir les quartiers populaires et le café Pierre Loti.



 Le bateau vient juste de partir, nous attendrons sur le débarcadère 50 min avant d'embarquer sur le bras de mer. A côté, des poissons grillent sur un bateau-resto.


Quand nous partons enfin, c'est pour une croisière à la vitesse de l'escargot avec des arrêts fréquents d'une rive à l'autre.



A l'arrivée, nous traversons le grand cimetière musulman dont les tombes hérissées sont envahies d'herbes folles. Certaines  sont même avalées par des troncs d'arbres.


C'est un lieu de pélerinage étrange mais très visité bordé d'une allée remplie de boutiques de souvenirs, l'équivalent turc de Lourdes.
Beaucoup de monde au téléphérique mais nous patientons, je ne me sens pas de faire la montée à pieds à cause de ma jambe, sachant que nous allons passer l'après-midi à déambuler dans les quartiers.
Le Café Loti est assez décevant. C'est un lieu très touristique, une allée rythmée à perte de vue par des tables recouvertes de nappes à carreaux rouges et blancs. A part le thé et le café, les boissons sont servies en canettes d'aluminium et l'eau minérale en petites coupelles à opercule en alu.
Le thé noir me fait un trou direct dans l'estomac et malgré le sucre, je suis au bord de l'hypoglycémie. J'achète un petit pain vendu par un marchand ambulant pour éponger le liquide trop fort.

Nous redescendons en cheminant entre les tombes.


Nous longeons malencontreusement le grand axe routier qui longe la corne d'or avant de repiquer sur Balat et de tomber sur un grand marché le long d'une rue bâchée pour garder les fruits et les légumes à l'ombre. Nous voilà au coeur d'un quartier très très populaire.






A l'angle d'une rue, une gargotte nous accueille pour déjeuner. Il est 15h30. Nous sommes chez mavi Kose, nous commandons une salade de foie, des tomates et des haricots en sauce. Nous sommes installées comme à la cantine sur des tables en formica. Le service est rapide, les serveurs et le cuistot s'interpellent, ça parle fort, ça va vite. Tout est délicieux et cuisiné sous nos yeux. Le dessert est constitué de boulettes de semoule cuites et couvertes de miel ou de sirop de sucre. Le serveur rajoute dans l'assiette d'un client de belles rasades de margarine... Nous nous en passerons... Pour 30TL à nous deux, nous sommes repues et ravies d'avoir déjeuner dans un lieu vivant et populaire.








évacuation des fumées de cuisson par le conduit, on se demande qui de la cheminée ou de la maison maintient l'autre debout
Commence alors une longue errance dans ce quartier très pauvre mais où les maisons traditionnelles ont un charme fou, jusqu'à rallier, non sans mal et avec l'aide fréquente des locaux, l'ancienne église st sauveur inchora, chef d'oeuvre byzantin transformé en mosquée puis en musée.







Avant d'y pénétrer, nous reprenons notre souffle (ça grimpe sec ici aussi) à l'ombre des tilleuls et des platanes d'une grande brasserie Kariye Pembe Kösk qui fait face au monument. Nous dégustons notre premier thé à la pomme, bonbon acidulé liquide et chaud. Trop sucré à mon goût, c'est un croisement entre une pomme granny et un kilo de sucre.
L'église renferme des trésors de mosaïques. C'est une parenthèse enchantée en plein coeur de ce quartier populaire et très pauvre ou beaucoup de maisons sont en piteux état.


 
 



Nous redescendons tranquillement à travers les rues aux maisons colorées, au milieu des enfants qui jouent au ballon et nous hélent au passage. Hello miss !







Juste avant d'atteindre l'axe routier qui rallie karakoy, nous nous attardons dans l'atelier d'un sculpteur et céramiste qui prend le temps de nous expliquer son travail. C'est un moment charmant, suspendu et nous écoutons ce monsieur d'un certain âge qui essaie de raviver sa connaissance de la langue française enfouie par des années de non-pratique.
A nouveau dans l'enfer de cette grande artère où les automobilistes et les bus filent à toute allure. Nous atteignons un arrêt de bus et demandons à un jeune homme de nous indiquer la boutique la plus proche pour acheter des tickets de bus. Il nous propose plutôt de valider 3 fois sa carte et nous demande en échange 4TL, soit moitié moins que si nous avions acheté chacune une carte de transport. Nous montons dans le bus 99 qui passe par le pont Ataturk et donc nous dépose à karakoy avant Eminonu puisqu'il ne passe pas par le pont de Galata. C'est le jeune homme qui nous a précisé l'itinéraire et conseillé le bon arrêt. Le métro est juste en face, et nous regagnons Beyoglu.

Je shoote la boîte aux lettres en plastique dans laquelle nous laissons tomber quelques cartes postales pour prouver aux destinataires que nous les avons bien envoyées. Elle semble tellement inaccessible au milieu de l'étalage des marchands ambulants que nous avons quelques doutes (les courriers arriveront pourtant à destination !)




 


vendeur de maïs ambulant, il s'annonce à tue tête et les clients descendent des appartements prendre leur commande
 Avant de rentrer à l'appart, nous allons boire une bière chez kiki, un bar branchouille à la déco sympa mais quasi vide à cette heure, si ce n'est une table d'habitués qui dînent. Le lieu doit être plus animé en soirée que pendant l'happy hour.


mercredi 18 juin

Réveil à 9h passé. Le ciel est gris. D'après K. la pluie n'est que pour vendredi.

Quelques rues plus loin de l'appart, nous nous arrêtons pour le café rituel dans un chouette petit bar installé au coin d'une rue en pente. Derrière nous, un jeune couple de touristes routards et italiens prennent leur petit déjeuner. A tour de rôle ils écrivent sur un moleskine de la taille du mien.


Descente vers le métro direction Eminonu, le bazar des épices et le grand bazar. Nous achetons du café et du cacao chez Kurukahvei.


 Puis nous flânons dans les allées sans grande conviction. Le bazar est d'une belle facture mais nous n'avons rien à acheter et les boutiques regorgent de babioles made in china et d'enseignes qui clignotent. Pour le fun, j'achète tout de même un porte-clé porte-bonheur, celui avec l'oeil qui protège des mauvais sorts. 2TL.






Le marché du livre est protégé du soleil par des treilles. L'endroit est bien moins fréquenté, agréable et un peu hors du temps.


En dehors du bazar, la chaleur est étouffante et la foule, compacte, se fraye un chemain entre les marchands ambulants.
Nous déjeunons chez Bahar de spécialités turques (aubergine, mouton, légumes, ragout). Le lieu est à l'écart des allées marchandes, dans une arrière cour et est surtout fréquenté par les locaux. Le muezzin retentit, la mosquée est juste à côté.


Nous rallions Aya Sofia et passons une bonne heure à admirer les beautés qu'elle renferme, la tête tournée vers les plafonds. Toutes cette géométrie, ces spirales donnent le vertige, le lieu est envoûtant malgré les échaffaudages qui ne réussissent pas à gâcher le spectacle de cette exception architecturale.



















Nous retournons ensuite dans le parc de Topkapi juste derrière, pour visiter le musée de la céramique installé dans un kiosque recouvert de mosaïques cobalt et turquoise et soutenu par des colonnes en marbre blanc.




Nous pouvons admirer à l'intérieur des trésors de céramique isnik entre autres.
Le parc est très agréable, ombragé, et nous faisons une halte au café des musées pour déguster un thé au milieu de colonnes tronquées, de stèles numérotées, annexe en plein air du musée de l'archéologie tout proche.



 
De retour à l'appart, nous décidons d'aller explorer à tâtons (la lumière de la cage d'escalier est out) les hauteurs de l'immeuble. Euréka ! le 5e étage ouvre sur un toit terrasse avec vue sur la ville en contrebas et notamment la mosquée d'Eminonü. D'autres minarets jaillissent vers le ciel, Galata et sa tour pointue, et en s'écartant un peu, on peut même apercevoir le palais de Topkapi. Nous découvrons aussi la magnifique terrasse couverte de l'immeuble d'en face.
Nous redescendons chercher le nécessaire pour prendre l'apéritif là haut. Le soleil se couche derrière nous, colorant d'oranger le ciel d'Instanbul. Magique et inespéré !


jeudi 19 juin

Nous descendons prendre un bateau à Kabatas, direction Kadikoy.

 



Nous voilà sur la rive asiatique où les femmes sont nettement moins voilées et plus fashion.






Nous déambulons dans les rues marchandes, faisons une longue halte chez le bouquiniste de la rue Gunesli Bahçe.




 Nous déjeunons au resto à côté, le cyia sofrasi, de mezze en self service au poids. Un régal arrosé de yaourt !



Quelques rues plus loin, serasku cad, nous dégustons notre 1er café turc chez le meilleur torréfacteur de Kadikoy, Fazil Bey.









Puis nous flânons jusqu'à rejoindre Moda, son embarcadère et le moda's café, belle bâtisse art déco posée sur la mer de marmara. Nous y passons un moment délicieux à partager une patisserie arrosée d'eau gazeuse et de thé.





Le ciel se couvre lentement mais sûrement jusqu'à devenir un orage menaçant le temps de revenir à l'embarcadère. Pendant la traversée, éclairs, tonnerre et grosse averse traversent le ciel stambouliote. La descente du bateau est folklorique, nous courons tous nous abriter. Les parapluies se vendent comme des petits pains. L'averse se calme puis s'arrête tout à fait et nous aurons juste le temps de rejoindre l'appartement avant une autre grosse averse.

un chantier protégé par le bon oeil

Après dîner, nous sortons boire un verre dans un vieil hotel d'Istanbul, le grand hotel de Londres, qui offre une terrasse avec vue sur le Bosphore et, à cette heure, la ville illuminée. Cet édifice date de 1892, construit par une grande famille levantine.
La bière est à 10TL, moins chère qu'au Kat's. La balade dans les étages moquettés aux ferronneries dorées, le détour par le salon feutré où des canaris et un perroquet en cage renvoient à une époque révolue, est un dépaysement garanti à travers les siècles et pour une somme modique !






En sortant, nous avons poursuivi le pèlerinage en ralliant à 2 pas le Pera's Palas, 1er grand hôtel stambouliote pour les voyageurs de l'Orient Express. A cette heure nocturne, impossible d'y pénétrer sans tenue de soirée mais la chambre 101 se visite en journée gratuitement. Elle a accueilli Ataturk et est depuis transformée en mini-musée.

Vendredi 20 juin


Nous reprenons un bateau pour la rive asiatique mais cette fois pour Uskudar.



Nous marchons le long du quai jusqu'à la tour de Léandre et buvons un thé acheté dans un kiosque et dégusté sur les marches qui font face au Bosphore.
Puis nous rentrons dans la ville et commençons l'ascension à travers des quartiers résidentiels, puis un grand marché qui envahit plusieurs rues. J'achète des pignons. La menthe et les fruits embaument les étals.
 Nous trouvons, dans une petite quincaillerie, un photophore transparent comme ceux qui servent à illuminer les lieux saints. A force de gestes, nous nous faisons comprendre et repartons avec notre précieux trésor emballé avec soin.



 Nous finissons par trouver la mosquée cinili après avoir longtemps marché et demandé de nombreuses fois notre chemin dans des quartiers hérissés d'immeubles et dépourvus de commerces à mesure que nous nous enfonçons. De la mosquée aux faïences nous ne verrons que l'extérieur. Elle est située dans une sorte de petit square public où nous pique niquons de quelques bricoles achetées dans une mini épicerie. La femme qui nous sert semble ne pas avoir vu beaucoup de touristes, ses petites filles nous regardent avec de grands yeux ronds.
Nous nous dirigeons vers le hammam voisin, sous un ciel menaçant.
Je ne connaissais pas les bains turcs recouverts de marbre, très différents des hammams du maghreb en simple tadelak. N'ayant plus assez de liquide pour nous offrir un massage, nous nous contentons de profiter des bains. Je trouve une savonnette et un gant abandonnés et nous nous décrassons.
Dans chaque alcove, il y a 2 robinets. 1 d'eau chaude, 1 d'eau froide. Le mélange se fait dans une vasque en marbre. Je finis mes ablutions à l'eau froide, c'est assez vivifiant.



En sortant, de grosses gouttes s'écrasent sur le trottoir. Nous entamons la descente vers le quai et hélons un taxi après avoir acheté un kilo de cerises que nous grignotons à l'arrière du véhicule sur fond de musique turque. Nous attrapons le bateau pour Kabatas. Dans le détroit,  nous croisons des bateaux militaires et plusieurs cargos. Jusqu'à présent, nous avions trouvé les eaux assez peu fréquentées par la flotte marchande.
Nous n'avions pas non plus vu un seul cycliste, ce fut chose faite sur le voyage aller, un jeune homme en tenue de coureur était monté à bord après nous. Moi qui pédale tous les jours à Bordeaux, je ne monterai pour rien au monde sur un 2 roues ici où les quartiers dessinent un paysage de montagnes russes...
D'ailleurs, pour ne pas monter à nouveau jusqu'à Beyoglu, nous prendrons le métro funiculaire, un métro qui va de kabatas au niveau de l'eau jusqu'à Taksim et retour.
Il est encore tôt, nous montons nous reposer avant de repartir une dernière fois à l'assaut de la ville.
Pour les loukoums, nous choisissons ceux de üç yldiz, derrière istikal. C'est une vieille boutique et le patron parle le français qui se pratiquait à Istanbul au début du siècle dernier quand la langue était répandue car enseignée et transmise par les levantins. Nous dégustons quelques spécialités et repartons les bras chargés.
Pour notre dernier happy hour, nous montons sur la terrasse du Sahika rue Nevizade. 5 étages à grimper mais une jolie surprise sur chaque palier en terme de mobilier. Des fauteuils chinés, du rococo au design des années 50/60 dans un état remarquable et un joli choix de tissus pour ceux qui sont restaurés.



La terrasse est ensoleillée alors qu'au niveau de la rue, l'ombre domine. Nous buvons un raki, la tête pleine de nos aventures stambouliotes et le corps délassé par les bienfaits du hammam.







Samedi 21 juin

Réveil 7h. Notre hotesse est arrivée avant notre départ pour faire le ménage. Elle sonnait désespérement à la porte sans que nous ne comprenions d'où venait le bruit d'oiseau des îles que nous entendions depuis notre réveil. Elle avait oublié ses clefs et était désespérée à l'idée que nous puissions être déjà parties.







 
Nous prenons un taxi deux rues plus bas. Nos valises sont beaucoup plus lourdes qu'à l'aller, nous connaissons la géographie accidentée de la ville et nous n'avons pas envie de remonter prendre le bus à Taksim.
Pour 50TL, nous rejoignons Atatürk Airport. Je suis assise à l'arrière et je peux voir des dizaines de cargots posés comme pour une bataille navale sur la mer de Marmara. Ils sont donc tous là ces navires marchands que je pensais voir dans le détroit...

Istanbul, ville multiple, ne se laisse pas apprivoiser. Elle cache ses trésors au creux de ses collines, perd les voyageurs dans ses rues serpentines. Tout dépayse, tout déconcerte. A la porte de l'Europe, ses richesses n'ont pas finie de nous ouvrir vers l'Orient, vers la culture à travers les siècles. Ville historique, ville sismique, Istanbul est belle et bien bouillonnante et enchanteresse.